mardi 28 janvier 2020

71e article - Chez les elfes


Tout se déroula très vite.
On ne nous laissa pas nous expliquer, et nous fûmes rapidement encerclés et séparés.  On nous ensorcela afin de ne plus pouvoir bouger ou parler, et nous devînmes spectateurs passifs de notre capture.
Quelqu'un ouvrit cinq portails, et nous fûmes chacun emportés dans un de ces portails, sans savoir ce que devenaient les autres.

Mon portail déboucha dans une merveilleuse cité elfe au sein d'une magnifique vallée, qui en d'autres circonstances m'aurait subjuguée.  Mais je n'étais pas là pour jouer le touriste.  On me confisqua toutes mes affaires, jusqu'à mon symbole sacré.  Je décidai de ne pas me débattre, et de rester passif jusqu'à en savoir plus, afin de ne pas les provoquer outre mesure.
J'étais certain qu'il ne s'agissait que d'une méprise, et que Thémis me permettrait de rétablir rapidement la vérité.

On me rendit ma mobilité contre ma promesse de ne rien tenter.  Ensuite, je fus conduit dans une cellule.  Et on me laissa dans cette cellule, sans aucun contact.  Je me mis à prier et à méditer.

Après un temps qui me parut très long, on vint me chercher.  Et je fus conduit dans une pièce, dans laquelle on me laissa seul une fois de plus.  Ensuite, elle arriva.  Une elfe, assez âgée, l'air extrêmement sévère.  Dame Sérindé.

Je ne vais pas m'épancher ici sur les sévices qu'elle m'a fait subir.  Elle me demandait d'avouer un crime que je n'ai pas commis.  Plusieurs fois, pendant un temps indéterminable car le temps lui-même semblait s'écouler différemment au sein de cette cité, je fus conduis devant Dame Sérindé, et le rituel se répéta à chaque fois de la même façon.  Elle tenta également de me faire douter de mes amis, en prétendant que l'un d'entre eux avait parlé et avoué le crime, mais sachant pertinemment bien que nous ne l'avions pas commis, et ne doutant pas de l'appui de Thémis, je résistai et lui tins tête.

Un jour que j'étais en train de méditer, un lézard vint près de moi.  Pensant d'abord qu'il pouvait s'agir d'une ruse de leur part, je feins de rester en méditation, mais compris rapidement qu'il s'agissait de Lulu, qui était dans l'esprit du saurien.  Avant d'avoir pu en apprendre plus, le contact entre Lulu et l'animal fut rompu.  Mais j'étais rassuré: au moins un de mes amis était vivant.

Un temps indéterminé plus tard, j'entendis que l'on m'appelait. Lulu se tenait à l'extérieur de ma cellule, accompagnée par une elfe.  Je restai sur mes gardes, les capacités d'insinuation de ces elfes étant très fortes.  Elle m'expliqua que l'elfe qui l'accompagnait, Méliane, est une de ses amies, et qu'elle venait nous libérer.  Je fus d'abord sceptique, me disant que je n'avais pas le droit de fuir un procès pour lequel Thémis ne pourrait que valider notre innocence, mais Méliane m'expliqua que la reine allait quoi qu'il arrive nous déclarer coupables et nous faire exécuter, pour une question de faiblesse politique interne.  Je décidai donc de les suivre, et nous allâmes délivrer mes compagnons, les uns après les autres, nous faufilant dans les couloirs des geôles, sous la direction de Méliane qui s’avéra être une alliée très précieuse.  Elle retrouva également notre équipement, et nous permit de nous enfuir de la ville en empruntant un couloir derrière la salle des gardes, salle que nous traversâmes alors que certains soldats y dormaient.

Nous avançâmes dans la pénombre de la grotte, nous faufilant entre les caisses et les rochers, quand nous débouchâmes dans une plus grande cavité naturelle.  Là, une créature géante tomba du plafond, semblable à un lézard géant aux yeux de feu.  Nous le combattîmes à grand-peine, mais en sortîmes victorieux.